BIOGRAPHIE:
Peintre, dessinateur, graveur, décorateur. En 1920, il achève sa formation à l'Académie de Moscou et obtient le prix de Rome. Il quitte la Russie et s'installe à Bruxelles. Prédilection pour les compositions, les figures, les nus, les figures de danseuses et d'enfants ainsi que les fleurs. Durant toute son existence, il aura exploré la peinture dans toutes les directions. Il a fait montre d'une indépendance totale à l'égard de chaque style et de chaque tendance. Révolutionnaire jusqu'au plus profond de lui-même, il n'en était pas moins fidèle à la tradition. Œuvres au Musée d'Ixelles, au Cabinet des Estampes de Bruxelles.
LE PEINTRE LEONIDE FRECHKOP PAR MARIO DE MARCHI, SAVOIR ET BEAUTE, JUILLET 1930.
Je connais peu de "naturistes" aussi probes, aussi consciencieux que ce peintre Léonide Frechkop, qui, établi chez nous depuis de longues années déjà, a ramené du fond de la grande Russie où il fit ses études, ce sens profond du sentiment, cette sereine vision des choses, ce désir ardent de créer de la vie sans l'arracher à sa délicieuse poésie. Ce plasticien à la vision si particulière et si juste est un chercheur acharné de belles formes, un analyste obstiné qui tâche de découvrir dans la nature ce qu'elle a de plus grand: sa beauté simple faite de rythme et de couleur. Au début, son art surprit quelque peu. Il imposait à l'élite une vision si nouvelle, une conception si essentiellement différente de la nôtre, qu'une crainte inavouable tempéra l'admiration de ceux qui ne trouvaient pas dans ses œuvres les qualités ordinaires et par trop faciles que décèlent les tableaux d'artistes de tradition plus sage, mais peut-être moins sûre.
Léonid Frechkop ignore l'improvisation fougueuse, la création bruyante. Il est trop analyste et trop fin ciseleur de symphonies pour goûter à l'extravagance des "coups de tonnerre" de l'inspiration foudroyante. Toute œuvre nouvelle est pour lui un nouveau sujet de méditation. Telle composition, telle figure, tel portrait, tel paysage même sont le fruit de recherches nombreuses, d'études scrupuleuses où le modèle est analysé et scruté avec une obstination admirable, ignorante du découragement.
Frechkop est un de ces artistes probes qui veulent ignorer les facilités de la routine. Il n'a qu'un désir et un désir ardent: celui d'arriver à la perfection technique par les voies laborieuses du travail imposé. Rien ne lui paraîtrait plus étrange que devoir adopter une des personnalités factices qui ne trouvent les tristes sources de leurs pauvres caractères que dans l'adaptation d'un genre. Il est de ces artistes complets qui aiment chercher la beauté partout où elle peut inspirer une âme supérieure. Figuriste de haute mine il n'a jamais renié les paysages auquel il a consacré d'admirables pages. Il a ce grand bonheur d'avoir compris la leçon prodigieuse des beaux maîtres de la Renaissance. Avec eux comme guides spirituels il scrute les multiples détours de la splendeur. Les lignes qui lui sont chères, ces lignes frémissantes qu'il sait rendre avec une suprême hardiesse et une sûreté de main étonnantes sont de ces lignes universelles. Le galbe sinueux d'un corps, l'harmonie d'un déhanchement heureux, l'équilibre merveilleux des grandes masses d'un paysage, charment son esprit.
Le dessin et le trait du graphiste ne sacrifient cependant jamais la couleur dans les toiles de cet artiste, qui a su réaliser cet accord savoureux de la forme et du ton. Depuis le moment où, à l'école des Beaux-Arts de Moscou, il suivait les cours du bel impressionniste Karovine, sa palette a sensiblement évolué. Sa couleur, hier encore d'apparence froide est d'une sensibilité et d'une délicatesse telles que seul, l'homme soumis précédemment à la recherche toujours poursuivie des subtilités du prisme pouvait élaguer avec autant de science et de raison les inutilités des gammes surchargées. Cette évolution à laquelle nul peut-être ne s'attendait s'opère aujourd'hui dans les dernières créations du peintre. Beaucoup avaient imaginé l'artiste arrivé à ce degré de raffinement spécial que son tempérament semblait ne point devoir dépasser. Sa gamme colorée qui, précédemment se complaisait dans des harmonies plutôt sourdes rappelle dans ses dernières pièces quelques œuvres isolées de la période précédente où des oppositions de tons très osés imposaient une couleur franche à un graphique presque obsédant. Désormais l'équilibre tant recherché semble atteint et une série de natures mortes atteste la transformation de la vision qui s'est opérée chez Frechkop.La tâche de couleur tient dans ses tableaux un rôle prépondérant et des harmonies ignorées au cours de la première période donnent à des compositions d'une rare sobriété d'éléments, un puissant caractère de vie.
Au cours d'une visite de l'atelier de l'artiste l'œil est particulièrement attiré vers de grandes figures dans l'exécution desquelles il excelle. Dans tout son travail, natures mortes et fleurs apparaissent comme des divertissements. Sa palette s'attarde plutôt dans l'exécution des grands nus et de ces délicieux portraits où l'effigie féminine trouve une savoureuse consécration. L'admiration du peintre pour les grands Renaissants et tout particulièrement pour les beaux figuristes italiens des écoles de Padoue et de Venise l'a conduit vers la recherche des belles harmonies des corps et des draperies, et sa principale préoccupation réside toujours dans la réalisation des compositions parfaites où la figure élément essentiel, trouve dans les accessoires qui l'entourent la délicate atmosphère qui lui convient.
065/317097 ou 0479/965963