THEOPHILE-ALEXANDRE STEINLEN
(Lausanne, 1859 - Paris, 1923)
Ce dessin a été vendu par la Galerie Du Pistolet d'Or
Cliquez sur l'image pour voir les oeuvres exposées
Il vint à Paris à l'âge de 19 ans et dut, pour vivre se consacrer au dessin industriel. Vers 1880, il se fixe à Montmartre et devint l'un des familiers du cabaret du Chat Noir. Il commença alors à dessiner pour tous les journaux humoristiques. Au milieu des professionnels du rire ou du sourire qu'on appelle les Humoristes et qui, comme Willette et comme Forain, l'influencèrent légèrement à l'époque du "Chat Noir", Steinlen fait figure d'homme grave. Il est l'ami de tous les déshérités, de tous les errants des villes ou des villages, qui glissent, maigres et voûtés, sous la pluie, de Crainquebille qui pousse sa misère, des gueux qui font peur, des couples qui s'étreignent interminablement, des chiens nerveux, des chats aventuriers. Il s'est plu à illustrer les rêves d'une génération généreuse qui croyait avec Anatole France, à l'avènement de "temps meilleurs". Son dessin, enveloppant comme celui de Carrière, semble défendre et protéger. Même dans la violence et la révolte, il conserve une sorte d'humilité, de tendresse. Par sa générosité, il est comme Daumier, l'antipode d'un Forain. Il combat dans un camp adverse. De ses oeuvres, même les plus cursives, de ses affiches, de ses dessins clichés pour le Gil Blas ou l'Assiette au beurre, de ses illustrations pour Dans la rue d'A. Bruant, pour les Soliloques du pauvre de Jehan Rictus, pour la chanson des gueux de Richepin, monte un feu continu et réconfortant. Ce grand ouvrier du dessin a vu moins un gagne-pain dans son labeur de journaliste que le moyen de défendre la vérité et de secourir son prochain. Si sa peinture, trop sombre, n'a pas toujours bien vieilli, si sa couleur est parfois incertaine, l'oeuvre en noir et blanc où domine le clair-obscur, ses lithographies, ses eaux-fortes qui évoquent la vie de la rue, des usines, des chantiers, de la mine, des échafaudages, suggèrent la faim, l'accident, la guerre, l'amour, valent par un pathétique qui dépasse l'anecdote et la sentimentalité. Bien qu'il reste toujours familier, un sens épique, qui manque à la plupart de ses camarades, nous fait oublier ses inégalités, - rançon d'une grande abondance, - pour n'admirer que sa bonté agissante et l'envolée de son trait.
Bibliographie:
* Dictionnaire de la peinture moderne, F. Hazan, Paris, 1954
* Dictionnaire des petits Maîtres de la peinture 1820-1920, Editions de l'amateur, Paris, 1996
![]() | ![]() |